La nuit régnait en maître dans le ciel d’Ishtar. Les lampadaires parsemés le long des rues essayaient de donner un semblant de lumière aux rares piétons qui sortaient à une heure aussi avancée. Naturellement, Nevaeh faisait partie de ces quelques personnes. Bien que lors de ses premiers mois sur l'île elle avait été plutôt réticente à l'idée d'aller en ville, plus rien ne la gênait désormais. Au contraire, la ville pouvait s'avérer être une bonne source de divertissement de temps en temps. Les nombreuses fois où les humains avaient voulu la capturer pour la mettre en cage avaient été très amusantes. Sa journée avait d'ailleurs été très ennuyeuse, alors elle espérait que les dégénérés illuminés habituels se pointeraient.
Nevaeh avançait d'un pas sûr. Elle restait néanmoins prudente, les humains sont assez lâches pour vous sauter dessus par derrière -ou par dessus-. Ca ne l'empêchait pas de prendre le chemin qui lui plaisait, que les rues soient du genre 'fréquentables' ou non. Les humains ne gouvernaient pas à ses yeux. Même si ici l'humanité n'avait pas sa place, elle ne se planquerait pas dans un trou à rat pour leur plus grand bonheur. Bien que ce qui les réjouirait d'avantage serait de la voir en laisse...
La féline emprunta une ruelle sombre. Qu'il fasse nuit noir ou non ne la dérangeait pas puisqu'elle pouvait voir ce qui l'entourait. La ville était calme, ou plutôt ce quartier-ci. Elle écoutait ce silence qui devenait pesant. Etrangement, il ne lui plaisait pas du tout. Sans savoir pourquoi, elle parti en courant et voulu sortir le plus rapidement possible de cette maudite ruelle. Ses pas étaient légers, elle faisait le moins de bruit possible. Seulement, elle ne savait pas ce qui l'attendait à la sortie. Elle aurait dû y penser pourtant.
Nevaeh s'arrêta net. Elle se retrouvait sur le trottoir d'une rue importante. Et devinez qui était là pour l'accueillir? Ces amis de l'animalerie. Un sourire se dessina sur ses lèvres. Autant elle était contente de les voir -car elle pourrait faire un peu de sport-, autant leur présence ne l'enchantait pas vraiment -il y avait toujours le risque de se faire attraper-. La féline ne s'attarda pas à regarder combien ils étaient, elle tourna les talons et longea la grande rue.
La course poursuite était lancée. Nevaeh ne tourna pas une seule fois la tête pour regarder derrière elle. Ca pouvait être une grossière erreur de sa part. Et puis, elle les entendait. Le mot "discrétion" chez eux n'avait aucun de sens. Ou même s'il avait un sens, il ne s'avait pas l'appliquer. A moins que les humains soient sourds pour ne pas s'entendre entre eux. Quoiqu'il en soit, la féline pouvait entendre leur pas. Mais si seulement ils s'étaient contentés de courir après elle... Mais non, une voiture suivait aussi. La féline regardait la voix qu'elle empruntait. Pour le moment, il n'y avait que des immeubles.
Ses pas paraissaient s'allonger, accélérant sa course. Le vent glissait sur sa peau. Le bruit des pas était constant, ce qui semblait la rassurer. Ils n'allaient pas plus vite qu'elle. Le seul problème qui lui restait était cette maudite voiture!
Nevaeh aperçu alors une ruelle et se précipita dedans. Au moins le problème du véhicule était réglé. Il ne restait que les humains, le plus facile. Surtout si c'était les même que d'habitude. Il faudrait qu'elle pense à les regarder pour savoir s'il y avait eut des nouvelles recrues depuis le temps. Et si oui, pourquoi ne pas leur dire bonjour à sa manière?
La féline changea de direction à chaque fois qu'elle le pouvait. Une fois à droite, ensuite à gauche, puis encore à droite, avant de retourner à gauche... Elle ne faisait pas vraiment au chemin qu'elle empruntait. Elle se contentait de courir sans se préoccuper de ce qui se passait derrière. Elle s'imaginait bien se prendre une poubelle, un poteau ou n'importe quoi qui se trouverait sur son passage alors qu'elle aurait simplement tourné la tête pour regarder derrière elle.
Mais les villes, c'est mal fait. Ishtar n'y échappait pas. C'est ainsi que Nevaeh se retrouva face à une impasse. Elle jura devant le mur en béton. La féline fit volte-face. Les pas des humains qui retentissaient entre les bâtiments lui rappelèrent qu'elle n'avait plus le temps. Alors elle s'approcha d'une gouttière qui se cachait dans l'angle de l'impasse. Il y avait également une fenêtre qui se situait à mi-chemin entre le sol et le haut du mur. Elle grimpa le long de la gouttière et s'aida du rebord de la fenêtre lorsqu'elle le pu. Elle posa ses mains ses mains sur le haut du mur et passa sa tête par dessus celui-ci. Les lieux paraissaient encore plus sombres, à croire qu'il n'y avait pas eut une once de lumière depuis des semaines. Sans réfléchir davantage la dessus, la féline passa de l'autre côté. Elle n'avait pas vraiment le temps non plus de peser le pour et le contre avant de se jeter à l'eau.
Quoique cette fois-ci, ce n’était pas vraiment dans de l'eau qu'elle tomba... Avec une grande Chance, elle atterri dans une benne à ordure. La prochaine fois, elle penserait à vérifier ce qui se trouverait en dessous avant de sauter. Sans s'attarder dans ces déchets, elle sorti de la benne.
*C'est mâlin ça! Il va falloir que je me change!*
Elle aurait aimé le dire à haute voix, mais les humains rôdaient toujours. Nevaeh regarda le haut du mur. Ils n'allaient pas venir. Du moins, s'ils venaient, ce ne serait sûrement pas par cette voie! Elle oublia ces humains au fur et à mesure que leurs pas s'éloignaient. Tout en écoutant ce bruit -ou plutôt ce vacarme- elle perçu un autre son. Prudemment elle s'avança vers la source de ce dernier, oubliant totalement les humains.
La féline apperçu une forme dans la pénombre. Elle s'approcha doucement de cette dernière. A vrai dire, elle pensait que c'était un coup tordu des humains. Sauf que ça ne semblait pas être le cas, au moins en apparence puisqu'elle distingua une Néko assise par terre. Nevaeh se plaça devant elle et la dévisagea sans gêne. Qu'est-ce qui pouvait lui prouver qu'elle n'était pas de mèche avec eux?
"Que faîtes vous ici?" demanda t'elle.
Sa voix trahissait la méfiance qu'elle éprouvait à son égard. Elle ne songea même pas un instant qu'elle pouvait lui faire peur. Si la situation n'avait pas été la même, la féline n'aurait sûrement pas eut ce comportement.